Au sujet de :Allah est au-dessus de Son trône exalté en personne partie3

Publié le par aqida

Bismillaih Rahman arRahim


Au sujet de :Allah est au-dessus de Son trône exalté en personne (bi dhatihi), et Il est partout avec Sa science



On a demandé à l'imam al-`Izz ibn `Abd al-Salam (m. 660) :

« Que dîtes-vous au sujet de la parole d'Ibn Abi Zayd al-Qayrawani al-Maliki : "Allah est au-dessus de Son trône exalté en personne (bi dhatihi), et Il est partout avec Sa science" : Est-ce qu'une telle affirmation attribue une direction à Allah ou pas ? Et celui qui a une telle croyance est-il déclaré mécréant (kafir) ou non ? »


Il a répondu : « Le sens apparent de ce que Ibn Abi Zayd a dit attribue une direction à Allah, car il a fait une distinction entre le fait pour Allah d'être sur le Trône et le fait d'être avec Sa création. Quant à la deuxième question : la position la plus correcte est que celui qui professe la croyance en la direction d'Allah n'est pas déclaré mécréant, car les savants de l'Islam n'ont pas fait sortir de telles personnes hors de l'Islam, plutôt, ils ont prononcé la permission de ce qu'ils héritent des musulmans et de leur enterrement dans les cimetierres musulmans, l'inviolabilité de leur sang et de leur propriété, et l'obligation de prier sur leurs dépouilles. Le même est vrai de tous les innovateurs : les gens n'ont jamais cessé de leur appliquer les jugements qui s'appliquent aux musulmans. Ne prêtez aucune attention à ce que les gens du commun disent au sujet de leur mécréance. »

(Ibn ‘Abd al-Salâm, Fatâwâ, pages 151,153)


On peut également citer le mufti shaféite de Damas, Ibn Jahbal al-Kilâbî (m. 733) :

« En ce qui concerne ce qu'a dit Abou Omar ibn Abd al-Barr [l'apparente attribution de l'endroit, de la direction et de la corporalité à Allah] aussi bien l'élite que les masses connaissent la position de l'homme et le rejet de celle-ci par les savants. La condamnation des malikites de cette parole, du premier jusqu'au dernier d'entre eux, est bien connue. La dénonciation de sa violation par l'imam de l'Afrique du Nord, Abou al-Walid al-Baji, est fameuse. Cela a atteint un tel point que les gens éminents d'Afrique du Nord disaient : "Personne en Afrique du Nord ne tient cette position sauf lui et Ibn Abî Zayd !" bien que certaines personnes de science ont cité une excuse pour Ibn Abi Zayd dans le texte du grand qadi Abou Mohammed Abd al-Wahhab al-Baghdadi al-Maliki, qu'Allah lui fasse miséricorde. »

(al-Subki, Tabaqât al-Shâfi`iyya al-Kubrâ, volume 9 page 78)


Le qadi Abd al-Wahhab est grand savant malékite mort en 422 de l'hégire, il est la plus haute autorité malékite dans la détermination de la force des avis dans le madhhab avec Ibn Rushd et al-Maziri.

Son texte dont il est fait mention ici est son commentaire de la section 'aqida de la risala d'Ibn Abi Zayd (qui a été récemment édité en 2004 aux Emirats Arabes sous le titre "sharh aqidat Ibn Abi Zayd al-Qayrawani fi kitabihi ar-risala", édition dar al-buhuth li ad-dirassat al-islamiyya wa ihya at-turath).

Le qadi Abdul Wahhab a démontré dans tout cet ouvrage que la croyance de l'imam Ibn Abi Zayd attestée par ses autres ouvrages et par ses propres élèves était conforme à la croyance sunnite.


Ibn Abi Zayd n'a pas employé le terme "bi dhatihi" dans son autre déclaration de foi dans al-Jami` fi al-sunan mais a simplement dit :

« Il est au dessus de Ses cieux, sur Son trône, au delà de Sa terre (innahu fawqa samawatihi `ala `arshihi duna ardihi) ».

(al-Jami` fi al-sunan, page 141)


Ibn Abi Zayd al-Qayrawani appartenait à l'école Ash`arite qu'il a prise, entre autres, d'Abu Bakr ibn `Abd al-Mu’min, l'élève d'Ibn Mujahid, lui-même élève d'Abu al-Hasan al-Ash`ari.

(al-Darqash, "Abu Muhammad `Abd Allah ibn Abi Zayd", pages 109, 237)


Al-Qadi `Iyad a mentionné qu'en l'année 368, Ibn Abi Zayd a envoyé deux de ses étudiants pour délivrer certains de ses livres en main propre à Ibn Mujahid qui les avait demandés, avec une permission complète de les rapporter de lui (ijaza).

(al-Qadi `Iyad, "Tartib al-Madarik", volume 4 page 477 ; al-Darqash, "Abu Muhammad `Abd Allah ibn Abi Zayd", pages 240-241)


Ibn Abi Zayd a notamment defendu l'école Ash`arite dans son épître intitulé "Al-Radd `ala al-Qadariyya wa Munaqada Risala al-Baghdadi al-Mu`tazili", une réfutation des attaques du Mu`tazilite `Ali ibn Isma`il al-Baghdadi.

(al-Qadi `Iyad, "Tartib al-Madarik", volume 2/4 pages 486-494 ; al-Darqash, "Abu Muhammad `Abd Allah ibn Abi Zayd", pages 286-287)


Al-Mayurqi a de plus rapporté qu'Ibn Abi Zayd a dit :

« Al-Ash`ari est un homme célèbre pour avoir réfuter les gens de l'innovation, les Qadariyya et les Jahmiyya, et il s'est accroché fermement aux Sunan ».

(al-Subki, "Tabaqat al-Shafi`iyya al-Kubra", volume 3 page 368)


Pour en revenir à la compréhension du passage en question, il y a plus de 40 commentaires de la rissala.

Or aucun commentateur malékite n'a compris le passage comme le comprennent les wahabites aujourd'hui.

Ils ont dit que le passage est problèmatique car il peut amener à une mauvaise compréhension et que l'imam Ibn Abi Zayd a eu tort d'employer cette expression.


On peut citer par exemple le commentaire d'al-'Adawi de la Risala :

« Il [Ibn Abî Zayd] lui a été reproché d'avoir dit "bi dhâtihi", mais pas d'avoir dit "au-dessus de Son trône glorieux." Car la Loi a mentionné l'élévation en des termes absolus, comme dans Sa parole (Qu'ils craignent leur Seigneur au-dessus d'eux [min fawqihim]) (16 :50). Ainsi la signification est que l'élévation [d'Allâh] est absolue en soi, pas dans sa relation spécifique au Trône. Par conséquent, il est permis que quelqu'un dise "au-dessus de Son ciel", "au-dessus de Son trône", dans le sens d'une élévation de statut, de majesté, et d'autorité (fawqiyyat al-sharaf wal-jalâl wal-saltana). L'Imâm Abû Muhammad ‘Abd Allâh Muhammad ibn Mujâhid a dit : "Parmi les choses sur lesquelles ils ont atteint le consensus est [le devoir de] déclarer en des termes absolus qu'Il -exalté soit Il! - est au-dessus de Ses cieux, au-dessus de Son trône, au delà de Sa terre (annahu ta‘âlâ fawqa samâwâtihi ‘alâ ‘arshihi dûna ardihi) en des termes absolus et conformément à la Loi." Car il n'est pas mentionné non plus dans la Loi qu'Il soit sur la terre, d'où sa parole "au delà de Sa terre". »

(al-‘Adawî, Hashiya, volume 1 pages 69-70).


On remarquera que la terminologie employé par l'imam Ibn Mujahid est exactement la même que celle adoptée par Ibn Abî Zayd dans son autre texte sur le Crédo cité plus haut.


A la lumière de ce que ses élèves ont rapporté de lui et de ses autres ouvrages où il est attesté que sa croyance est correcte, les commentateurs ont été amenés à interpréter le passage.


Ils l'ont fait de 3 manières différentes :

1) L'expression "bidhatihi" renvoit au trône et non à Allah.

2) Il s'agit d'un ajout postérieur que les anthropomorphistes ont inséré dans le texte.

3) L'interprétation la plus retenue : que cela veut dire que c'est Allah Lui-même qui est au dessus du trône.


Cette troisième interprétation est celle qu'a retenue le chaykh al-Azhari dans son commentaire :

« Il a utilisé les mots "par Son Essence" (bi dhâtihi) pour éliminer la possibilité de donner forme en raison de la relation de "sur" ('alâ) avec "trône" ('arsh). "Au dessus" (fawq) signifie plus haut que ou au delà de quelque chose. Cela peut être utilisé métaphoriquement pour des concepts. Ici, cela désigne l'honneur et la toute puissance.»

(Salih Al-Abi al-Azhari, al-Thamr al-Dani fi Taqrîb Al-Mâni)


L'expression bi dhâtihi en arabe peut en effet être comprise dans un autre sens que la traduction française "par son Essence", comme l'a signalé l'imam adh-Dhahabi :

« Votre expression "bi dhâtihi" est de votre cru. Elle peut etre comprise dans le bon sens ; cependant, il n'y a aucun besoin d'une telle expression, car ceux qui interprètent istawâ disent : "Cela signifie qu'Il l'a soumis Lui-même (qahara bi dhâtihi) et dominé en personne (istawla bi dhâtihi), sans aide ni auxiliaire". »

(Al-Dhahabî, Mukhtasar Al-'Uluw, pages 263 #319)

Publié dans Al Aqida - La Croyance

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